7
Luc Flamand avait retrouvé une bonne partie de ses joues et de son énergie après un séjour de quatre jours dans la maison de Jemma. La première nuit, il avait dormi quatorze heures d’affilée, les deuxième et troisième nuits onze heures, la quatrième dix heures. Il avait accumulé un énorme déficit de sommeil ces derniers mois. Ses enquêtes avaient visiblement dérangé dans certains milieux, en particulier dans les cercles chrétiens traditionalistes et évangéliques, ainsi que dans les cénacles politiques de Bruxelles, redevenue la capitale administrative de l’Europe après la parenthèse roumaine d’une quinzaine d’années. Il avait subi une première agression qui portait la signature des légions du Christ Roi, et non, comme l’avaient affirmé les flics, celle des mafias de l’Est – il avait entrevu les deux L entrecroisés de Loi et Lance sur le col des uniformes de ses agresseurs. On lui avait brisé à coups de masse les os du bras droit et on lui avait promis de faire la même chose avec son crâne s’il persistait à s’occuper de ce qui ne le regardait pas. Il avait montré à Jemma les cicatrices laissées sur son bras par les multiples interventions chirurgicales. Il en avait gardé des séquelles, des douleurs vives, parfois insupportables lors des changements de temps. À son retour de l’hôpital, le directeur administratif du journal lui avait expliqué, avec la mine chafouine de circonstance, que les difficultés économiques contraignaient l’entreprise à se séparer de quelques-uns de ses éléments, qu’il faisait partie de la fournée, hélas, malgré des qualités professionnelles reconnues et appréciées de tous. Personne n’était intervenu en sa faveur, ni le rédacteur en chef, un ami de longue date pourtant, ni le fantôme du syndicat, une poignée de Judas qui s’empressaient d’entériner les décisions de la direction pour quelques deniers supplémentaires.
« Pourquoi avez-vous continué votre enquête ? avait demandé Jemma.
— Je vous l’ai déjà dit : j’ai constaté que les disparitions d’enfants affolaient les extrémistes religieux, qu’Europol se gardait bien d’intervenir, et je veux comprendre pourquoi. Histoire de ne pas mourir idiot.
— Vous risquez en tout cas de mourir jeune ! »
Luc Flamand avait haussé les épaules avec un sourire amer.
« On est tous embarqués dans la même galère, tous destinés à redevenir poussière. »
Une ombre de tristesse avait enveloppé Jemma. Elle-même avait envisagé de mettre un terme prématuré à son passage sur terre. Quant à Manon, elle avait peut-être quitté ce bas monde avant ses dix ans. Trop tôt. Aucune logique, aucune justice ne barrait la galère dont parlait Luc Flamand et qui voguait au hasard sur un océan de colère et de chagrin. Jemma n’avait pas eu le cœur de donner la chambre de sa fille à l’ancien journaliste, qui couchait dans une pièce exiguë du rez-de-chaussée abusivement baptisée bureau – un foutoir où elle entassait les objets, les revues et les papiers qu’elle prévoyait de classer plus tard.
La présence d’un homme avait en tout cas redonné un semblant de vie à la maison. Jemma ne traînait plus en peignoir toute la journée, elle se douchait et se coiffait avant de descendre et de préparer le petit déjeuner. Il lui prenait de brusques envies de ménage et de rangement. Elle se surprenait à se regarder dans les miroirs ignorés depuis bien longtemps, à se demander si elle avait encore la capacité de plaire. Une nuit, elle s’était caressée les seins, étonnée de les sentir aussi fermes et sensibles sous ses doigts. Des frémissements avaient couru sur sa peau, légers, lointains, mais suffisants pour lui chuchoter qu’elle pouvait à tout moment renaître au plaisir. Elle était allée un matin, pendant que Luc Flamand dormait, chez son coiffeur et en était revenue avec une coupe plus courte, plus dynamique, et des cheveux teints en acajou. Au passage elle s’était aventurée dans une boutique et, après avoir acheté des sous-vêtements pour son hôte, bien démuni avec son pauvre caleçon troué et sa seule paire de chaussettes, elle avait craqué pour un ensemble d’automne de couleur beige. Une emplette absolument pas raisonnable dans la mesure où son compte avait de plus en plus l’allure d’un tonneau des Danaïdes. Après tout, elle pouvait bien s’offrir une menue satisfaction après un mois d’espoirs déçus et d’idées noires. De retour à la maison, elle s’était effondrée en larmes, comme si son chagrin l’avait attendu au tournant après cette minuscule parenthèse égoïste. Luc Flamand avait en tout cas remarqué la différence et l’avait félicitée pour sa nouvelle tête.
Ils avaient fouillé la maison de fond en comble, mais n’avaient pas davantage trouvé d’indice que les enquêteurs d’Europol et le commando du Christ Roi. Le journaliste en était arrivé à la conclusion que Manon avait quitté volontairement la maison. Jemma ne voulait pas entendre parler d’une hypothèse déjà émise par le jeune lieutenant chargé de l’enquête.
« Je ne dis pas qu’elle a fugué, avait argumenté Flamand. Simplement qu’elle est sortie d’elle-même de sa chambre. Comme si elle avait subi une forme d’hypnose, à distance ou différée. Elle a reçu le multivaccin ? »
Jemma avait acquiescé d’un mouvement de tête agacé.
« Certains pensent que le multivaccin a d’autres fonctions que de prévenir les épidémies. Avant la guerre, des laboratoires ont mis au point un minuscule transpondeur en ADN de synthèse qui réagit aux signaux des satellites. Il suffit à une entreprise de manipuler les satellites pour obtenir des réactions précises dans un organisme équipé du transpondeur. En d’autres termes, de donner des ordres à distance.
— C’est quoi, un transpondeur ?
— Un récepteur miniature. Qui peut aussi servir d’émetteur.
— Je ne vois pas le rapport avec les vaccins.
— Très simple : les laboratoires utilisent désormais l’ADN de synthèse comme support pour le multivaccin. Sous couvert de santé publique, les gouvernants injectent des transpondeurs à des populations entières, comme des bergers marquant leurs troupeaux. La guerre a un temps empêché les vaccinations de masse, mais elles ont repris dès la signature des accords de Bratislava. L’éventualité reste plausible dans la mesure où les flics n’ont constaté aucune effraction dans la grande majorité des disparitions : une impulsion, envoyée depuis un ou plusieurs satellites et relayée par les transpondeurs, aurait poussé les enfants à sortir en pleine nuit de leurs logements.
— Pour aller où ? »
Luc Flamand avait avoué son ignorance d’une moue qui donnait à son visage un faux air de lutin.
« C’est là où le bât blesse : dans quel but ? Je n’ai trouvé aucune réponse satisfaisante à cette question. Les transpondeurs sont plutôt conçus pour contrôler et prévenir les mouvements des populations, ou implanter des envies subliminales dans la tête des consommateurs, la forme la plus aboutie et la plus dégueulasse de la publicité, efficacité garantie. »
Jemma ne se souvenait pas qu’on lui eût un jour injecté l’ADN dont parlait le journaliste. Elle se remémorait parfaitement, en revanche, le discours pompeux et rassurant du médecin scolaire qui lui avait vanté les avantages du multivaccin pour sa fille.
« Deuxième hypothèse, poursuivit Luc Flamand. Des groupes clandestins, adultes ou adolescents, hypnotisent les enfants dans les rues. Ils leur implantent dans le cerveau la suggestion de partir de chez eux à une date et une heure précises, les attendent quelques dizaines de mètres plus loin et les embarquent à bord de véhicules équipés de coffres spéciaux.
— On les aurait vus !
— Il y a de fortes probabilités en effet qu’un témoin au moins ait remarqué leur manège. Mais ils utilisent peut-être des techniques d’hypnose que nous ne connaissons pas. Il leur suffirait par exemple de croiser le regard de quelqu’un pour lui transmettre une consigne. Ou de lui chuchoter quelques mots au passage. Je sais qu’on a expérimenté des techniques avancées de suggestion mentale de part et d’autre du Front Est. Possible qu’à la fin de la guerre, des militaires aient revendu leurs secrets à des groupes mafieux ou à des mouvements religieux. Dans ce cas, nous aurions affaire à un recrutement d’un type nouveau, soit pour fournir en produits frais les marchés du sexe, thèse à laquelle je vous ai déjà dit que je ne croyais pas, soit pour grossir les rangs d’une organisation religieuse clandestine. Et là, on aurait un lien potentiel avec la légion du Christ Roi. Un truc comme une rivalité féroce entre deux ordres, l’un et l’autre cherchant à exercer leur hégémonie par la simple loi du nombre. »
Aucune de ces perspectives n’avait réchauffé le cœur de Jemma. Que Manon eût été hypnotisée dans la rue ou manipulée par un satellite ne changeait strictement rien au fait qu’elle s’était évanouie en laissant derrière elle un vide impossible à combler, une blessure qui ne guérirait pas. Et si sa fille était encore en vie, ce que laissaient supposer les observations du journaliste, Jemma se retrouvait au pied d’une montagne infranchissable, écrasée par un terrible sentiment d’impuissance. Le monde était trop vaste pour une mère séparée de son enfant. D’autant que les factions religieuses, nationalistes ou mafieuses, avaient fleuri comme des mauvaises herbes sur les ruines de la guerre, que la multitude des sans-abri grossissait à une vitesse alarmante, que le droit n’était plus respecté qu’aux alentours des banques, des ministères et des institutions européennes.
« Une chose est sûre en tout cas, reprit Luc Flamand. Les disparus ne sont pas aux mains des fanatiques du Christ Roi. Cherchons chez leurs principaux rivaux, les évangéliques, chez les autres communautés protestantes ou encore l’Église des Saints des derniers jours. Si la piste religieuse n’aboutit nulle part, il nous restera à fouiner du côté de l’armée des enfants.
— Comment ? »
Les yeux gris-bleu de Luc se plantèrent dans ceux de Jemma. Il marqua un temps avant de répondre.
« Je crains que nous n’ayons pas d’autre choix que d’aller nous rendre compte sur place.
— En Europe de l’Est ?
— Au Proche-Orient.
— Mais… »
Il l’interrompit d’un geste de la main.
« Nous n’aurions que peu de chances d’en revenir. Il nous faudrait trouver un passeur qui nous aide à franchir la frontière. Puis un contact sûr de l’autre côté. Ensuite nous serions probablement obligés de faire un tour en Syrie. Tout ça coûterait pas mal de fric. Sans compter le voyage jusqu’au Bosphore.
— Vous avez déjà tout prévu, on dirait…
— Je me suis renseigné. Il m’a juste manqué les moyens. J’aurais volontiers braqué une banque, mais je n’y aurais gagné que trente ans de tôle. »
Il s’absorba dans la contemplation du ballet des gouttes sur la baie vitrée. Jemma rompit le silence haché par le crépitement de la pluie sur la véranda.
« Il y a un truc que je ne pige pas. Le lien entre les disparitions et les commandos du Christ Roi est avéré, puisqu’ils vous ont agressé, première preuve, puisqu’ils s’introduisent selon vous dans tous les domiciles où…
— Pas dans tous. Mais chaque domicile qu’ils visitent compte un enfant disparu.
— Alors l’hypothèse de votre armée des enfants ne tient pas. Il ne peut pas y avoir le moindre rapport entre une bande de gosses basée au Proche-Orient et des fanatiques chrétiens européens. Nous n’avons aucune raison de franchir le détroit du Bosphore. »
Elle s’aperçut qu’elle avait employé le nous, qu’elle avait donc envisagé un court instant de se rendre en compagnie d’un quasi-inconnu de l’autre côté de la frontière européenne, dans une région livrée au chaos.
« Pas le moindre rapport, je n’en suis pas aussi certain que vous, répondit Luc Flamand. De toute façon, il serait toujours intéressant de vérifier que la légende… »
Jemma se leva d’un bond, comme piquée par un frelon, et pointa un index accusateur sur son interlocuteur.
« Dites plutôt que vous cherchez un financement pour votre voyage. Vous vous foutez complètement des gosses disparus. Et vous vous foutez de moi. Vous avez vu en moi le pigeon idéal, hein ? Une femme seule, désespérée par la perte de sa fille, la belle aubaine. »
Des larmes de rage roulèrent sur ses joues. Flamand se leva à son tour, livide, les traits tendus, les yeux plus clairs que d’habitude. L’espace de quelques secondes, elle crut qu’il allait se jeter sur elle, mais, chavirée par la colère, elle ne recula pas ni ne changea de ton.
« Vous m’avez vendu de l’espoir à deux centimes pour me soutirer du fric et vous offrir votre rêve. Vous avez assez abusé de moi, de mon malheur, de mon hospitalité. »
En même temps qu’elle crachait ces mots, elle se rendait compte qu’elle culpabilisait de ne pas s’être entièrement consacrée au désespoir ces quatre derniers jours, que ce manquement à ses devoirs de tristesse la rendait agressive, et probablement injuste. La présence de Luc Flamand entrebâillait des portes que l’absence de Manon lui interdisait d’ouvrir. Elle avait manqué de vigilance, elle avait laissé sa fille sortir de sa vie, il n’y avait de place en elle que pour la souffrance et le remords.
« Si c’est vraiment ce que vous pensez, il vaut mieux que je parte », murmura Flamand.
Il récupéra sa veste sur la patère de l’entrée. Jemma avait lavé, séché et repassé sa chemise et son pantalon le premier soir. Elle qui avait toujours détesté ce genre de corvée, elle s’en était acquittée de bonne grâce ; pendant quelques instants, elle avait cessé de penser à elle, elle s’était à nouveau sentie utile, repiquée dans la trame humaine.
Le journaliste ouvrit la porte et, la main sur la poignée, se retourna avant de sortir.
« Je ne peux pas vous dédommager pour l’hébergement. Désolé. Merci pour tout. Bonne chance. »
Son calme eut sur Jemma l’effet d’un coup de poing au plexus. Le souffle coupé, vidée de ses forces, elle s’affaissa dans l’un des fauteuils du salon et fixa avec hébétude la porte qui se refermait avec une douceur insinuante. La blessure au fond de son ventre lui faisait un mal de chien, elle crut qu’un scalpel la charcutait de l’intérieur, qu’elle allait se vider en quelques minutes et finir en charpie sur le tapis. En même temps, elle sentait la vie trop longtemps contenue fredonner dans ses veines, accrocher des frissons sur ses seins, s’insinuer entre ses cuisses, rouler le long de ses aines. Une furieuse envie de jouissance la prit, en cet instant, sur ce fauteuil.
Folle. Elle devenait folle.
Elle eut tout à coup la sensation de mariner dans un liquide tiède et poisseux. Étendit les jambes, retroussa sa robe, plongea une main dans sa culotte. Quelque chose s’écoulait d’elle. Elle se redressa. Du sang. Son sang de femme. Interdite, elle le vit dégringoler en flocons pourpres sur le bord du fauteuil et le tapis. Elle n’avait pourtant ressenti aucun des symptômes annonciateurs de ses menstrues. Ou plutôt son chagrin les lui avait confisqués. Le chagrin régnait en despote et ne tolérait pas de douleur concurrente, ni terrible ni vénielle. Elle n’avait pas eu ses règles le mois précédent. Une aménorrhée dont il faudrait se préoccuper, avait déclaré le gynécologue. Elle ne s’en était pas souciée, l’associant inconsciemment à la disparition de sa fille et à la perte de son statut de mère.
Elle fouilla dans le capharnaüm de son sac posé sur la table basse, trouva un mouchoir en papier déjà taché de rouge à lèvres, le cala entre ses cuisses et, gardant les jambes serrées, se rendit dans la salle de bains. Elle retira jupe et culotte et se nettoya rapidement. Jamais elle n’avait perdu autant de sang. Ses gestes étaient fébriles, maladroits. Elle était pressée soudain. Elle avait encore une chance de rattraper Luc Flamand. Malgré ses précautions, elle avait semé de larges fleurs pourpres sur le carrelage et sur ses vêtements.
Pas le temps de faire disparaître les taches. Elle en serait quitte pour quelques minutes d’embarras. Elle s’imaginait déjà prétexter la mauvaise humeur traditionnellement associée aux règles pour justifier son attitude. Et si ça ne suffisait pas, elle l’implorerait de revenir, toute honte bue. Ses pensées tournoyaient comme des feuilles mortes soulevées par le vent. Le tampon, qu’elle enfonça sans précaution, lui irrita les muqueuses. Elle détestait ces petits bouts de coton blanc et leur misérable queue de souris. Elle se souvenait qu’autrefois la publicité les avait imposés comme les symboles de la libération de la femme. Elle les utilisait, elle ne se sentait pas libérée pour autant, elle était toujours la même femme prisonnière de ses désirs et de ses frustrations, la même créature gouvernée par ses instincts, la même humaine piégée par les émotions. Elle fila dans la buanderie, passa le jeans qui lui servait d’habitude au bricolage – elle ne bricolait jamais – et aux travaux du jardin, enfila une paire de tennis qui n’avaient plus de lacets et se rua dehors après avoir récupéré son sac au passage.
Éblouie par la lumière crépusculaire, étourdie par le brutal afflux d’air frais, elle fonça vers la sortie de la résidence. Une silhouette traînant au bout d’une laisse une peluche grondante lui assena un bonjour sonore auquel elle répondit d’un marmonnement. Le beau temps avait jeté dans les allées de nombreux occupants de la résidence, des femmes pour la plupart, toutes pomponnées, toutes accompagnées de chiens de race dont les services d’entretien ramasseraient les déjections. Elle ignora les regards inquisiteurs de ses voisines et remonta l’allée principale bordée de massifs fleuris, de bassins de pierre, de buissons taillés au cordeau. Son jeans lui tombait sur les fesses, son sac lui battait la hanche, elle manquait de perdre ses tennis à chaque pas. Les deux vigiles installés dans les guérites transparentes de part et d’autre de la barrière la saluèrent avec un empressement forcé. De la voix et du geste, ils ramenèrent au calme les molosses grondants allongés à leurs pieds. Ils portaient les mêmes casquettes, les mêmes uniformes, les mêmes énormes flingues que les flics des séries américaines. Gênés aux entournures, les cerbères de Paul & Virginie. Cette femme aux yeux rougis par le chagrin était la preuve vivante de leur incompétence. On avait enlevé sa fille en pleine nuit, et ils n’avaient rien vu, rien entendu, eux qui se proclamaient les yeux et les oreilles de la résidence.
Jemma emprunta l’allée piétonne qui sinuait entre les arbustes et donnait sur le trottoir du boulevard. Elle passa brusquement dans un autre monde. À la symétrie des maisons aux façades élégantes et blanches succédaient le chaos et la grisaille de la large artère prise d’assaut par les voitures, les camions et les deux-roues. La main en visière sur son front, elle repéra, une centaine de mètres plus loin sur sa droite, une silhouette à l’intérieur d’un abribus transparent. Elle reconnut la veste et la chevelure de Luc Flamand. S’élança dans l’espoir de prendre de vitesse le bus vert et blanc englué dans le trafic. Alors qu’elle avait parcouru la moitié de la distance et qu’elle s’apprêtait à hurler pour attirer l’attention du journaliste, un monospace s’arrêta devant l’aubette.
Trois hommes en jaillirent vêtus de combinaisons noires, brandissant des barres de fer.